par Jon Dekel

En juillet 2020, la maison d’édition musicale indépendante The Royalty Network a lancé un programme destiné à renforcer les moyens d’action des personnes de couleur par le mentorat. La Black Empowerment Thru Music Initiative offre différents services aux aspirants auteurs-compositeurs, artistes et entrepreneurs des communautés noires et latino-américaines, notamment des formations musicales, du temps de studio, l’accès gratuit à des instruments, des possibilités de carrière et du soutien financier. L’initiative est soutenue par un conseil consultatif composé notamment de Kendall Minter, avocat spécialisé dans le domaine du divertissement, de Laze Elliott, cadre dans le secteur de la musique, de Darien Bankhead (aussi connu sous le nom Boyband), producteur, des artistes Stic et M-1 du groupe dead prez, et d’Anne Fitzgibbon, directrice principale du Harmony Program.
Selon Frank Liwall, président de The Royalty Network, l’Initiative a certes été mise sur pied dans la foulée de l’agitation sociale ayant suivi le meurtre de George Floyd, mais elle prend racine dans la fondation même de l’entreprise.
Il explique : « The Royalty Network a commencé par servir le marché de la musique noire. Depuis le début, l’entreprise a fait sa marque en offrant des débouchés aux auteurs-compositeurs de la communauté. »
Créé il y a près de 30 ans, The Royalty Network représente maintenant plus de 700 000 compositions, y compris de grands succès enregistrés par Ariana Grande, Beyoncé, Burt Bacharach, Drake, Ed Sheeran, Eminem et Kendrick Lamar.
Liwall, qui a étudié en comptabilité, a d’abord brièvement été auditeur interne à l’agence Harry Fox, avant de mettre sur pied The Royalty Network à titre de comptable spécialisé en redevances. C’est alors qu’il travaillait sur une série de répliques à des audits qu’il a constaté qu’il fallait que « davantage d’éditeurs s’investissent activement auprès des auteurs-compositeurs, afin de leur offrir des services rigoureux, plutôt que de se contenter d’ajouter des chansons dans une base de données. »
Il a également observé que les auteurs-compositeurs indépendants étaient particulièrement négligés. « Ils ne connaissaient pas bien la valeur qu’ils pouvaient obtenir, se remémore-t-il. Il y avait peu de communication, notamment dans certains genres musicaux, qui étaient ignorés. »
Liwall se souvient du moment où il a réellement pris conscience de ce problème. Il préparait alors des rapports de dommage pour des avocats dans des causes de violation du droit d’auteur, dont bon nombre touchaient des auteurs-compositeurs noirs de blues des années 1960 à 1960 et de reggae des années 1940 à 1980. « Notre première incursion dans le milieu s’est effectuée dans ces marchés », raconte-t-il.
Lorsqu’il a ouvert The Royalty Network, Liwall a ainsi insisté pour que la sensibilisation des clients soit une pierre angulaire de l’entreprise. « Sensibiliser le marché, offrir des débouchés et passer réellement du temps avec les auteurs-compositeurs pour leur expliquer pourquoi il est plus avantageux de conserver ses droits et d’avoir un bon administrateur — afin d’avoir quelque chose à transmettre à la génération suivante », dit-il en se rappelant sa vision.
Et d’ajouter : « Ce type d’histoires n’est pas souvent raconté, car tout se conjugue en signe de dollars. C’est bien de recevoir un chèque, mais c’est encore mieux lorsque l’on sait ce que ce chèque signifie pour notre gagne-pain. »
À ses débuts, l’entreprise offrait des services administratifs depuis ses bureaux de New York. Elle s’est par la suite étendue à la côte ouest (« une progression naturelle », selon Liwall), d’abord par l’offre de contrat de coédition. Peu de temps après, une équipe de services de création, y compris la synchronisation, a été mise sur pied, suivie d’une équipe d’A et R destinée aux auteurs-compositeurs.
« Nous sommes maintenant une maison d’édition musicale qui offre des services complets, affirme Liwall au sujet de la croissance de l’entreprise. Mais nos principes directeurs constituent toujours le cœur et l’âme de l’entreprise : sensibiliser les auteurs-compositeurs et prendre le temps de leur fournir des services de qualité. Il s’agit fondamentalement d’être sérieux dans l’administration et la communication. »
À l’été 2020, le mouvement Black Lives Matter et la lutte sociale pour la justice raciale le poussent à regarder au-delà de The Royalty Network. « Nous voulions mettre sur pied une initiative qui aurait aussi des retombées à l’extérieur de notre entreprise. »
Une année et demie plus tard, Liwall est fier de signaler que la Black Empowerment Thru Music Initiative a déjà fait des pas de géant dans la création d’une porte d’entrée dans le milieu de la musique destinée aux personnes de couleur. Mais il reste beaucoup à faire.
« Nous avons été en mesure d’apporter des changements substantiels à l’interne, confie-t-il. Par contre, ce que nous avons accompli par la sensibilisation de l’ensemble du marché est beaucoup plus convaincant. »
Outre la démocratisation du recrutement de personnel, Liwall estime que des jours meilleurs attendent les éditeurs indépendants, malgré le blocage en ce qui concerne les taux de redevances pour la reproduction mécanique par des services de diffusion en continu.
« Je crois que la croissance future dans le milieu de l’édition musicale sera stable, confie-t-il. Et beaucoup plus que ce que les gens prévoient. L’avenir sera beau, puisque le contenu est partout ! »
Liwall y voit deux domaines principaux de croissance : l’expansion internationale et l’innovation technologique.
« À l’heure actuelle, la croissance vient par exemple du Brésil, et encore plus de la Chine et de l’Inde, précise-t-il. Les percées technologiques ouvriront de nouvelles sources de revenus. Elles auront beaucoup de retombées dans l’avenir. »
Lorsqu’on lui demande si l’avenir de l’édition musicale a une bande sonore, Liwall prend une pause pour réfléchir, avant de nommer Oh Happy Day, un incontournable du répertoire gospel.
« Je crois que nous sommes bénis d’être dans un domaine qui nous comble au quotidien, explique-t-il. Oh Happy Day remet tout en perspective. Ce que nous avons traversé et la possibilité que nous avons de faire chaque jour quelque chose que nous aimons, entourés de gens extrêmement créatifs. »
Et de conclure : « Bref, il y a beaucoup de raison d’être heureux. »
Notes de la rédaction :
Oh Happy Day est un chant gospel provenant d’un hymne composé par le pasteur Philip Doddridge au XVIIIe siècle. Son arrangement le plus connu a été créé par Edwin Hawkins, qui est reconnu comme l’auteur, aux côtés de Doddridge et d’Edward F. Rimbault, qui a ajouté un refrain et une mélodie à la pièce au XIXe siècle. Cet arrangement est administré par Sony Music Publishing. Pour en apprendre plus sur la Black Empowerment Thru Music Initiative, consultez blackempowerment.roynet.com
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